“Après mon cancer de la prostate, j’ai peur de ne plus avoir d’érections”
Suite à une prostatectomie totale il y a deux ans, Bruno, 53 ans, n’a, depuis, plus d’érection. Pourtant il était si bien dans son corps et dans son couple, mais aujourd’hui est très malheureux. Comment restaurer ses érections ?
Les troubles d’érections sont une situation embarrassante et fréquente chez les hommes ayant subi une prostatectomie totale. Les problèmes d’érection après une opération de ce type sont estimées sévère entre 27 à 90 % des cas et modérée dans 15 à 49 % des cas. Ainsi une rééducation érectile est recommandée aux patients 2 à 3 mois après l’intervention chirurgicale de la prostate.
Selon le Dr Jean Baptiste Delaporte – Chirurgien urologue : ”Après une prostatectomie, une rééducation érectile sera nécessaire, elle consiste à la prise des traitements oraux ou à l’utilisation des dispositifs médicaux (vacuum) afin de permettre au patient de retrouver la fonctionnalité de ses érections”
La réhabilitation sexuelle est basée sur la prévention des altérations morphologiques et fonctionnelles du tissu érectile survenant lors de la période de récupération nerveuse après prostatectomie.
Ce concept fut introduit en 1997 a travers les injections intra-caverneuses de prostaglandine E1 notamment alprostadil.
Une étude réalisé à cette époque avait permis de montrer l’efficacité des injections intra-caverneuses. En effet selon cette étude trois injections intra-caverneuses d’alprostadil ont permis l’obtention d’érections spontanées pour prendre part à une activité sexuelle à 67 % par contre 20 % n’ont eu d’effet.
Aujourd’hui la prise des médicaments oraux notamment les inhibiteurs de la phosphodiestérase de type 5 (iPDE5) semble être les traitements de référence. Ces médicaments sont : sildénafil (Viagra®, Pfizer), le tadalafil (Cialis®, Eli Lilly) et le vardénafil (Levitra®, Bayer Schering Pharma).
Mais il a été démontré que près de 78 % des hommes ont abandonnés la prise de ces traitements oraux au bout de 18 mois par manque de moyen financier (leur prix est libre et non remboursé par l’assurance maladie) ou tout simplement par manque d’efficacité. Ainsi les injections intra-caverneuses demeure une alternative en cas d’échec des médicaments inhibiteurs de la pde5.
Jusqu’à présent, il n’existe pas de recommandations officielles a propos de la rééducation érectile après prostatectomie. Mais l’Association Française d’Urologie recommande qu’une pharmacologique active soit proposée aux patients après une opération de la prostate totale. Celle-ci consiste a des rapports sexuels réguliers de préférence 1 a 3 fois par semaine.
Pour obtenir des érections, les patients pourront soit opter pour :
- Prise a la demande des médicaments : sildénafil (Viagra®), tadalafil (Cialis®) et vardénafil (Levitra®)
- Des injections intra-caverneuses de prostaglandine
- Le vacuum
- L’apport d’un sexologue
La durée nécessaire pour une réhabilitation sexuelle après prostatectomie totale peut être de 2 ans avec des résultats qui s’amélioreront progressivement.
Prise quotidienne du Viagra, Cialis ou Levitra pour améliorer la qualité des érections
Il n’existe pas jusqu’à ce jour de recommandations officielles sur la prise quotidienne des médicaments iPDE5 après prostatectomie.
Les patients ayant eu une préservation des bandelettes vasculo nerveuses, la prise de Sildénafil, Tadalafil ou Vardenafil sera entièrement suffisant, selon plusieurs membres du comité d’andrologie de l’AFU.
La prise des médicaments sildénafil, tadalafil ou vardenafil a la demande, de courte durée avant les rapports sexuel, permet l’amélioration des érections durant la période qui suit une prostatectomie totale avec préservation nerveuse.
Par contre les avis sont contraires en ce qui concerne les avantages probables de la prise quotidienne des iPDE5 après prostatectomie totale sur une longue période.
Cette réhabilitation passive, sans contraintes en matière d’activité sexuelle, a pour but d’optimiser l’oxygénation des corps caverneux lors des érections nocturnes.
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Les injections intra-caverneuses peuvent être très efficaces mais parfois mal tolérées
Selon les avis de plusieurs experts, la réhabilitation érectile précoce avec des injections intra-caverneuses au niveau de la verge doit être proposée systématiquement aux patients qui n’ont pas eu de préservation des bandelettes ou qui ont plus de 65 ans.
Le produit utilisee dans les injections intra-caverneuses en France est l’alprostadil que l’on retrouve sous le nom commerciale Edex, Caverject Dual.
L’efficacité a long terme des injections intra-caverneuses d’alprostadil a déjà été démontré. Ces injections ont pour but d’améliorer la vascularisation pénienne et la fonction érectile basale.
Après une prostatectomie, les patients ayant fait des IIC régulières ont eu retrouver des érections spontanées dans 2 à 37 % des cas. Les effets à long terme restent très peu connus, des douleurs post-injections ont également été rapportées.
Mais ces effets et problèmes n’affectent pas tous les patients. Les patients qui ont eu recours au IIC sur une période de 35 mois 70 % se sont dits être satisfaits ou très satisfaits.
Aux Etats-Unis, le produit injectable de référence est Trimix® (Alprostadil 10 mg/ml + phentolamine 1 mg/ml + papaverine 30 mg/ml). En France, il n’a pas d’AMM dans cette indication.
Il existe à ce jour peu de données sur les associations de comprimés oraux et d’injections intra-caverneuses.
Le vacuum : un dispositif efficace mais, facilement abandonné
Le vacuum (érecteur à dépression) est un système de pompe dont le but et de provoquer l’afflux sanguin de manière mécanique dans la verge afin d’améliorer la qualité d’érection après une prostatectomie. Le vacuum reste encore très peu utilisé en France, pourtant c’est option très intéressante, qui ne coûte pas cher et assez efficace. On devrait la proposer aux patients estime le Dr Jean Baptiste Delaporte.
La dernière étude randomisée publiée a montré que la réponse était autour de 92%. Le seul bémol est qu’à 18 mois, l’observance n’était que de 14 %. L’une des raisons est probablement que l’utilisation du dispositif nécessite une formation et la coopération de la partenaire.
L’apport d’un sexologue
En plus des 3 mode de traitements cités plus haut (la prise des IPDE5, les injections intra-caverneuses et le vacuum) il faudra aussi y ajouter la prise en charge psychologique grâce à une consultation chez un sexologue. Il a été démontré dans plusieurs études que le risque dépression est majoré de manière significative par le cancer et les troubles sexuels.
Comme problème régulièrement présent : le patient éprouve de la détresse à cause de l’impuissance masculine ajouter a cela la maladie cancéreuse. Ce qui affecte grandement sa virilité au plan psychologique. Ces sentiments d’impuissance psychologique peuvent conduire à la chute du désir sexuel chez l’homme et de la partenaire.
De concert avec un urologue, il faudra dresser une liste des possibilité et impossibilité du patient. Connaître l’état de la réhabilitation érectile et le niveau d’implication de la femme.
Dès lors, il sera possible d’établir un programme de reprogrammation sexuelle dans son ensemble.
Pour le Dr Jean Baptiste Delaporte il faut se focaliser sur d’autres fonction autres que la libido ou l’érection. « On travaille souvent sur la libido mais pas souvent sur la fonction orgasmique. Or, les hommes qui ont essayé s’aperçoivent qu’ils peuvent avoir des orgasmes sans érection »
Pour conclure, il a rappelé l’importance d’un suivi des patients et celle de redonner de l’espoir. “Il faut rencontrer les patients très souvent, adapter, changer et tester différentes approches pour éviter les situations de rejet et pour qu’il trouve une forme de satisfaction.”
Auteur:Créé: 2019-08-06
Modifié: 2019-08-06