L’hypertension responsable de l’impuissance érectile

L’hypertension touche près de 10 millions de Français. De très nombreux hommes sont ainsi concernés. Parmi eux, 1 sur 7 souffrent de troubles de l’érection à cause de l’hypertension elle-même ou des médicaments prescrits. Attention, ces problèmes sont souvent à l’origine de mauvais suivi des traitements. Seule solution : vaincre ses réticences et en parler à son médecin.

Auteur: Natasha Viatte Consulter ses articles

Définition de l’HTAP

L’HTAP est une maladie qui se définie par l’épaississement de la paroi des petites artères au niveau des poumons. Cette paroi se durcit au fil du temps. Le rétrécissement engendré altère la circulation du sang et augmente la résistance à son passage. Donc, la pression artérielle pulmonaire s’élève. Cette pression entraîne un effort accru sur le cœur, ce qui peut mener à une insuffisance cardiaque droite.

Les conséquences sexuelles de l’hypertension

Le diagnostic d’hypertension est posé lorsque la tension systolique est supérieure à 140 mm de mercure ou la tension diastolique; le second chiffre, est supérieure à 90 mm, limites couramment abrégées en 14/9. Les médecins devraient alors systématiquement s’enquérir de la sexualité des patients hypertendus. Car les hommes souffrant d’hypertension artérielle présentent un risque de souffrir d’une dysfonction érectile 2 à 6 fois supérieur comparer a ceux ayant une tension normale.

Cette dysfonction érectile est souvent associée à une baisse de libido, un trouble de l’orgasme ou de l’éjaculation.

La composante psychologique entre aussi en cause : il est difficile d’avoir toujours envie de faire l’amour lorsque le rapport se passe mal. Se met alors en place un cercle vicieux entre le corps qui ne veut pas fonctionner et l’esprit qui s’inquiète.

Autre facteur qui influence la vie sexuelle : la survenue d’un accident cardiovasculaire, comme un infarctus ou un AVC. Fatigue, peur de mourir, dépression, maternage excessif du conjoint, ont alors un retentissement négatif sur la libido.

L’hypertension en chiffres

L’hypertension artérielle (HTA) est définie par une pression artérielle systolique au-dessus de 14 ou une pression artérielle diastolique au-dessus de 9. Selon les dernières données épidémiologiques établies par le Comité national de lutte contre l’hypertension artérielle, on estime que 10 millions de personnes sont hypertendues et que 7 millions sont sous traitement.

Parmi cette importante population, les hommes peuvent avoir des troubles de l’érection à cause de leur hypertension et/ou à cause du traitement qu’ils suivent. Une importante étude épidémiologique réalisée en 1994, montre que les troubles de l’érection concerneraient 9,6 % des 1290 hommes de 40 à 70 ans interrogés. Parmi les hypertendus traités, ce pourcentage atteignait 15 %, soit 1 patient traité sur 7.

L’impact de l’activité sexuelle sur la tension

L’activité sexuelle, avec la partenaire habituelle, correspond en moyenne à un effort modéré. Elle entraînerait en effet une augmentation de 10 à 20 mm de mercure chez le sujet en bonne santé, ce qui serait équivalent à la montée de deux étages à un bon rythme. Mais l’effet serait beaucoup plus important chez les hypertendus.

L’activité sexuelle est donc contre-indiquée en cas d’hypertension mal contrôlée car le risque de survenue d’accident cardiaque est dix fois plus élevé que chez les personnes en bonne santé. Chez ces derniers, il est évalué à un accident pour un million de rapports.

En revanche, bonne nouvelle pour les autres, qui représentent la grande majorité, ils sont encouragés à reprendre les galipettes !

Des artères abîmées et des traitements délétères

L’hypertension altère les artères y compris celles du pénis. Elle favorise le développement de l’athérosclérose : la vaso-contriction, les dépôts de lipides, l’agrégation des plaquettes et des leucocytes diminuent le calibre des artères et donc l’irrigation des organes génitaux. Les cellules endothéliales sont en souffrance et produisent moins de monoxyde d’azote, une substance qui joue un rôle important dans l’érection en entraînant un relâchement des fibres musculaires des corps caverneux.

Le mécanisme est bien identifié chez l’homme et plus que probable chez la femme. Les organes génitaux sont moins bien irrigués, ce qui diminue la sensibilité et la lubrification des muqueuses. Même si la sexualité féminine reste moins étudiée que son pendant masculin, les rapports entre les troubles sexuels féminins et les facteurs de risque cardio-vasculaires sont bien réels.

Les médicaments anti-hypertenseurs en cause

Sept millions d’hypertendus seraient sous traitement anti-hypertenseur, qui peut avoir des effets secondaires dévastateurs sur la sexualité.

On constate ainsi chez certains patients une dysfonction érectile avec certains béta-bloquants (propanolol, atenolo, bisoprolol), certains diurétiques ou l’alphaméthyldopa. Une baisse de la libido peut être provoquée par certains béta-bloquants, l’anti-aldostérone, l’alphaméthyldopa. Ce qui entraîne chez certains patients un mauvais suivi du traitement et donc une majoration de l’hypertension et de ses retentissements.

La dose et le temps depuis lequel on prend le traitement ont une influence négative, tout comme l’effet nocebo et la lecture de la notice du médicament. Mais l’on constate une grande variabilité entre les patients : les effets secondaires sexuels sont loin d’être systématiques.

Heureusement, d’autres médicaments régulant la tension n’ont pas d’effets sur la sexualité et sont privilégiés par les cardiologues lorsque cela est possible.

Les solutions

Malgré ces effets secondaires, peu de patients réussiraient à vaincre leur réticence et à en parler avec leur médecin. « Si l’on passe au-delà du cap psychologique consistant à exprimer le problème, il est possible, plus ou moins facilement, d’apporter des solutions à la dysfonction érectile. Dans certains cas, une simple modification du traitement peut résoudre les difficultés, dans d’autres au contraire, il faudra à la fois rassurer le patient et éventuellement, lui prescrire un traitement des troubles de l’érection qui, le plus souvent, ne pose guère de problèmes d’interaction avec le traitement antihypertenseur« . Déclarait le Dr Nicolas Danchin, spécialiste de l’hypertension artérielle lors d’une conférence sur les liens entre HTA et troubles érectiles.

La seule contre-indication absolue est l’association de dérivés nitrés et d’inhibiteurs de la phosphodiestérase (Levitra®, Cialis® et Viagra®).

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Modifié: 2020-12-17